Imaginez-vous,

Kaféyine dada

Imaginez-vous,
Une ville où personne ne vous ouvre la porte par hasard.
Une ville où personne ne vous attend,
Une ville où vous ne pouvez plus asseoir à l’abri des regards.
Une ville à la fois vaste comme un désert et étroite comme un placard
Vous pouvez aller partout, et nulle part. Parce qu’ailleurs comme ici, il ne se passe rien.

Imaginez-vous,
Une ville où la nuit est confisquée, interdite, morte, …
Une ville où il n’existe plus le hasard qui fait les rencontres
Une ville qui ne se parle plus, qui ne s’entend plus, qui ne danse plus
Une ville qui pleure seule dans les cimetières, une ville qui ne se console plus

Imaginez-vous,
Une ville où tous nous soyons des suspects potentiels
Une ville où s’exerce une surveillance mutuelle
Une ville qui n’a plus besoin des sirènes des autorités
Une ville où l’autre un danger pour les passants…

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Nous continuons donc à respirer notre haleine en circuit fermé.

Le 1er octobre 2020, on a redécouvert l’existence de l’autre moitié des visages dont on avait oublié la ressemblance, en même temps qu’on apprenait qu’on avait un gouvernement fédéral. Pourtant, depuis quelques jours on est pas mal de monde qui, impatiemment attendait ce jour pour respirer autre chose que son haleine en circuit fermé. D’autres attendaient des événements un peu plus intimes peut être, plus privés, comme une naissance ou un anniversaire. Mais pas forcément un gouvernement fédéral.

Depuis le 26 mai 2019, peu à peu le souvenir d’une élection s’est évanoui au fil des débats stériles et de des démonstrations d’égos surdimensionnés, ces moments gênants où nos politiques passent leur temps à se faire peur et à parler de nous, surtout à parler d’eux et des projets que leurs familles politique auraient pour les bruxellois, les flamands ou les wallons.

Il y a 16 mois, qui avaient lutté pour être à la tête du pays, volle gaz, ils ont abandonné responsabilités par démission. Je suis peut-être une brêle dans la chose politique, mais pourquoi se battre pour si vite abandonner ?

 Il leur fallait, semble-il préparer les futures  élections. On pouvait sentir leurs angoisses, face la confusion volontairement entretenue, des déclarations ambiguës, très peu de projets d’avenir. On le sait maintenant, l’homme politique son horizon dépasse rarement cinq. En Belgique, ce délais est encore plus court, car la formation d’un gouvernement prend des plombes. Or  messieurs, mesdames les politiques, il ne faut pas se leurrer la plupart des gens rêvent d’avenir, d’abord pour eux, ensuite pour leurs enfants. Il y en a même qui poussent le vice plus loin, et qui se mettent à rêver de voir un jour le monde de là-haut, alors que plus on s’éloigne de la terre moins on a de réseau pour passer un coup de fil à ceux qu’on aime.

Tout ça a commencé début décembre 2018. La NVA quittait le navire en pleine Mer, parce que le fils de Louis Michel se rendait à Marrakech, pour signer un pacte de l’ONU sur les migrants. Au passage, on constate que rien n’a vraiment changé sur la question des migrants, ou plutôt des réfugiés devrais-je dire. Après tout, chaque migrant fuit toujours quelque chose. Qu’il traverse la méditerranée ou l’Atlantique, c’est rare qu’on quitte toute sa vie juste pour le tourisme ou pour une allocation sociale quelconque. Bref, Marrakech dérangeait certains, qui pourtant à d’autres moments sont capables de se gausser sur les merveilles de la médina.

Toujours est-il que c’est pour cette raison que les nationalistes flamands ont démissionné.

Depuis ce jour, bien avant le Covid, le pays est passé par toutes les couleurs, dont l’orange-bleu, et l’orange sanguine, des compositeurs classiques, en passant par la suédoise ou la jamaïcaine. On aurait eu peut-être de meilleurs résultats si tous ces gens s’étaient assis autour d’un feu, et fait tourner le calumet de la paix. Toujours est-il qu’aujourd’hui, c’est Vivaldi qui a gagné. Il faudrait peut-être que je me fasse les 4 saisons pour comprendre à quel moment on trouve de plus en plus à la tête du pays des fils-de.

Le premier des fils Michel s’est barré vers le Conseil européen, laissant le pays en pleine crise politique. Alors ce changement de poste consiste à aller du N°16 de la rue de la Loi, au 175 de la même rue. Autant dire qu’il est parti à pied, voir sur un Villo.

Hier on apprenait que Charles avait un frère, un autre fils Michel, apparemment super compétent, un cador de la Province du BW, amoureux des nouvelles technologies. Ça tombe bien il est secrétaire d’État en charge du numérique.

À la tête du gouvernement, un fils De Croo, qui il y a quelques années, à l’époque il avait encore ses dents de lait, mais avait réussi à faire plonger le pays dans une crise de 541 jours. La plus longue crise de l’histoire de la Belgique et de l’Europe. Imaginez seulement si vous vous démissionnez demain de votre taf ce qui vous arriverait.  Si vous n’avez pas d’oseille sous la couche, c’est au Sam social qu’il faudra se coucher. Alors que nos ministres, eux quand ils démissionnent, ils ont toujours des emplois qui les attendent. Certains sont bourgmestres, en générale quand ils arrivent dans les hautes fonctions de l’État, ils laissent leur chaise à un gus qui gardera la chaise bien chaude. Le gars on le prend avec le moins de charisme possible, au cas où ça tourne mal au fédéral, il ne faudrait pas non plus qu’il fasse de l’ombre aux revenants.

Le 1er octobre 20, la ville s’est à moitié démasqué, parce qu’en réalité, à moins de faire une randonnée dans les Ardennes, en ville vous n’avez jamais le temps d’enlever votre masque. Nous continuons donc à respirer notre haleine en circuit fermé, en même temps que les mêmes noms reviennent et se succèdent tranquillement au pouvoir.

Ma boite aux lettres est pleine à craquer

Dimanche 26 mai, on ira voter. Les candidats de tout bord se sont souvenu de notre existence. Pourtant, depuis 2014,  j’ai beaucoup de mal à me souvenir d’un seul d’entre eux qui eut la courtoisie de nous envoyer un petit mot de remerciement, ou un petit mot d’excuse qui dirait par exemple :

« Chers citoyens, chères citoyennes, depuis la dernière fois, nous avons essayé, nous y avons cru, mais nous n’y sommes pas parvenu. Nos résultats sont en deçà de l’espoir que nous portions dans la législature précédente. Notre programme, certes alléchant, n’avait que pour but de vous appâter, d’épater et d’écraser nos adversaires.   Veuillez nous en excusez, nous sommes contraints de reconnaître nos erreurs, et de nous retirer pour une période indéterminée, afin de réfléchir à un vrai projet de société.  Un projet d’avenir et de long terme, nous voulons oser de rêver d’ une cité avec des défis sûrement, mais une cité où vous ne comptez pas que pour votre voix ».

 Non, au lieu de ça, les gars se re-pointent à nos portes comme si de rien n’était, et nous vendent  quelques idées sans cesse recyclées, et permettez-moi de vous dire que beaucoup dégagent une odeur de soufre. Des idées qui en général ont tendance à nous cibler les uns et les autres comme étant la cause et le mal dont souffre notre société. Parce qu’on est vieux, parce qu’on est immigrés, réfugiés, sans emplois, ou même avec un emploi, malade, ou jeune, trop jeune pour marcher pour le climat. En somme, quand j’écoute leurs débats, j’entends souvent des idées qui divisent, plutôt que les idées qui rassemblent. Nous serions donc à la fois la cause et la raison de leurs engagements et de leur inconstance ?

Bon sang ! ma boite aux lettres est pleine à craquer.

Comme tout être humain qui a connu l’époque du courrier autre que les factures voici ce que je voudrais recevoir dans ma boite aux lettres, surtout quand un gars prend la peine de l’adresser à mon nom.

« Monsieur Lasz,

Suite à notre dernière lettre, nous constatons que vous aviez peu de foi en notre programme. Nous ne pouvons en juger que par votre voix qui manquait au décompte final. Mais laissez nous vous dire que nous n’avons pas été ni indifférents ni insensibles à votre jugement. Cette fois-ci, nous avons bien bossé, … nous avons appris à rêver, nous voulons une cité du possible, un monde où le problème n’est pas l’autre, mais ceux qui sont en charge et en fonction. Nous vous proposons de vous concerter le plus souvent possible, plutôt que de vous confisquer votre voix ». Sans oublier la petite formule de politesse à la fin, et des plus chaleureux possible.

Quitte à se vendre mesdames et monsieurs les politiques, autant le faire avec les bonnes manières, avec un suivi de courrier s’il vous plait !

C’est vieux, mais c’est nouveau.

La loi du marché s’applique donc à tout ? Aux idées comme aux voix ? C’est depuis un certain temps mon impression.

Prenons n’importe quelle poudre à lessiver, la nouvelle formule est toujours mieux que la précédente. Après quelques décennies depuis l’arrivée de la poudre à lessiver, on peut aisément se dire la future formule de n’importe quelle marque sera certainement meilleure que celle que nous avons. Vous avez exactement la même chose pour les dentifrices, les rasoirs, les yaourts et les voitures.

Et là je me dis ceci : Si les gars là-bas au labo comme au bureau du parti ne sont pas prêts à nous faire des proposions de projets plus inclusifs, tenant compte de notre diversité, richesses multiples, parce que nous ne sommes pas qu’une force de travail et un coût éventuel ; alors qu’ils se retirent.   Après tout, ils démissionnent bien lorsqu’il s’agit d’une stratégie électorale.

Madame, monsieur politique, je suis sûr aussi que nous pourrions nous en sortir autrement. Ça nous prendra certainement du temps, beaucoup d’apprentissages et de renoncements.

Nous pourrions déprofessionnaliser la politique ? Après tout, nous vivons constamment la politique au premier sens du terme, c’est à dire dans la cité, là où s’exercent toutes nos interactions, là où sont éprouvés nos droits et nos devoirs. Étant donné que nous sommes le centre d’intérêt de vos débats et de votre jeu, autant rêver d’une autre façon de faire la politique.

Veuillez s’il vous plait laisser ma boite aux lettres se remplir uniquement de factures. Heureusement, c’est la saison où je vais recevoir quelques cartes postales d’ amis partis en vacances.

Calixte Lasz